LE TEMPS

«Prince du Désert » : la belle et la bête

L’intitulé de son exposition « Prince du désert », nous interpelle et nous propulse dans un univers onirique, où le mythe et le rêve s’associent, pour évoquer le rapport privilégié que l’artiste canadienne Léa Rivière, entretient avec la plus noble conquête de l’homme, le cheval. À travers une série de toiles de belle facture, elle nous invite à partager sa quête et sa fascination, pour cet animal légendaire, symbole de force et de liberté.

Elle ne se contenter pas de peintre ses attitudes et son anatomie comme un habile peintre animalier, mais essaie de décrypter le regard sublimé qu’elle lui porte, à travers une relation sensuelle, truffée de références symboliques. Une quête de soi vertigineuse et pleine d’imprévus, par laquelle elle tente de se recomposer et d’aller à la rencontre d’elle-même.

Domestiqué part l’homme, le cheval l’a toujours accompagné dans ses quête utopiques et hanté son imaginaire, faisant partie intégrante de son inconscient. À travers cette exposition, l’artiste célèbre à sa manière son rapport mythique qui unit le cheval et l’humain, faisant de lui, non pas une simple monture, mais un réel protecteur proche de sa propre sensibilité. Les lignes et les courbes des dessins ont valeur de caresse, créant un langage graphique sensuel et instinctif. Le fougue des chevaux, leurs crinières au vent et l’attitude dégagée des cavalières, expriment cette soif d’indépendance et cette farouche volonté de s’assumer intégralement.

Léa Rivière nous invite à défricher des espaces mystérieux et mythiques, qu font la part belle au rêve. Une vision subjective d’une esthétique raffinée, qui rappelle la Renaissance italienne. Un monde fabuleux, échappé d’une sensibilité exacerbée, où évolue un fringuant manège équestre.

Les compositions graphiques de Léa Rivière relèvent d’une surprenant théâtralité, une mise en situation, tantôt fougueuses, ou méditative, chargé de résonances profondes. Pour réaliser ses atmosphères, l’artiste superpose un habile jeu de transparences appliquées au pinceau, ou au chiffon par couches successives et utilise des techniques mixtes, fusain, pierre noire, aquarelle, encre de chine acrylique, grattage, collage et estampe.

Les dessins réalistes des tableaux ne sont jamais achevés, le peintre focalise volontairement son attention sur des éléments ou des détails, plongeant le reste de son sujet dans le flou.

Il en résulte une impression d’intemporalité, qui accorde aux personnages le souffle d’une nouvelle mémoire.

Hamadi Abassi